

Biographie
Avertissement
Avant toute prise d’information sur le sujet, merci de bien vouloir respecter la règle suivante :
« Être libre par essence, il convient de n’enfermer Andy Emler dans aucune catégorie, case ou taxinomie musicales que ce soit ».
Andy Emler est né et a grandi dans le XVIe arrondissement de Paris. Il aurait pu mal tourner…
On le dit jazzman, il répond : « compositeur ». Mieux : « créateur » ! Naît musicalement en pleine ère post-moderne, Andy Emler n’a cure des étiquettes. Compositeur, catalyseur d’enthousiasmes, initiateur de rencontres, arrangeur, pédagogue, improvisateur, jazz, classique, rock, musiques dites traditionnelles, pianiste, organiste, etc. : Andy Emler est tout cela à la fois, en tout cela a la foi.
Terrorisé par une professeure de piano à la pédagogie archaïque dans sa prime jeunesse, il est sauvé pour la musique par Marie-Louise Boellman-Gigout, une pleine héritière de « l’âge d’or » de la musique française – celle des Fauré, Ravel, Debussy, Duruflé. Elle lui redonne goût au piano grâce au jeu collectif, en forme de déchiffrage à deux pianos. En bonne organiste, elle attise aussi le goût spontané pour l’improvisation du jeune Andy.
Son frère plus âgé l’amène cependant en des voies moins éthérées. Andy Emler devient un enfant du rock dont il joue la musique d’oreille. Premiers groupes, premiers claviers électriques, premiers concerts avec apothéose finale en bagarre générale – sans lui, qui range son matos, une étrange habitude qu’il entretiendra jusqu’à la fin du XXème siècle, s’étant fait spécialiste des claviers.
Il atteint sa majorité en musique avant ses dix-huit ans quand un ami lui fait découvrir une musique rock avec un étrange préfixe : « jazz ». Une énergie comparable au rock, des compositions élaborées comme dans la musique écrite occidentale, de l’improvisation à la forte interaction : cette musique enregistré par Return to Forever, Mahavishnu Orchestra et autre Weather Report a tout pour lui plaire.
Sur les conseils de Marie-Louise Boellman-Gigout, il tente et réussit le concours d’entrée aux classes d’écriture du Conservatoire National Supérieur de Musique de Paris. Comme les majuscules l’indiquent, c’est du sérieux ! On ne rigole pas avec l’harmonie ni le contrepoint. Il acquiert à peu près en même temps une discipline, une amitié et un avenir. Il fait en effet la connaissance d’Antoine Hervé avec qui il réalise son premier disque, Horizons, pour piano et percussions à clavier – instruments qu’il apprend en trois semaines. Ayant intégré la classe d’orchestration de Marius Constant, celui-ci recommande Andy Emler à Jean-Louis Vicart, directeur du Conservatoire de Juvisy-sur-Orge, à la recherche de pédagogues ouverts d’esprit. Une classe d’improvisation est créée, qui permet à Andy Emler d’imaginer mille solutions pédagogiques avec pour seul mot d’ordre : « créativité », un sacerdoce qui ne le quittera plus. A la même période, repéré au Concours de la Défense en duo avec Antoine Hervé, il intègre le CIM comme enseignant. Sans même s’en être rendu-compte, Andy Emler fait dorénavant profession de musicien.
De ses recherches pédagogiques, il tire des fruits pour sa propre pratique. En témoigne le premier album sous son nom, Lightnin’, au sein d’un quintette de jeunes comme lui talentueux et chevelus (il adoptera le cri de ralliement « chauve power » plus tard).
1986 le consacre déjà musicien incontournable de notre Hexagone : il est recruté par François Jeanneau pour tenir les claviers électriques de la première mouture de l’Orchestre National de Jazz. Son chef lui passe également commande de plusieurs partitions. Des amitiés se nouent également, qui se maintiendront souvent sur de longues années.
Reconnu pour ses qualités d’accompagnateurs, d’improvisateur, de compositeur, il tourne dans le monde entier avec des maîtres du jazz français tels que François Jeanneau et Michel Portal, dont il sera plusieurs années le pianiste-directeur artistique attitré.
1989 : il est temps pour lui de créer un grand orchestre à son image : généreux, taquin, enthousiaste, imaginatif. Andy Emler choisit de lui donner pour nom le MégaOctet (le « O » majuscule n’apparaîtra qu’au XXIème siècle), en lien avec l’unité de mesure informatique qui s’affole à la même époque. Le succès est immédiat, le disque et futurs albums remportant de nombreux prix.
Toujours très engagé dans ses pratiques pédagogiques, après un second album il laisse cependant le MégaOctet pour un temps (il ne le sait pas encore) pour mieux s’engager comme co-directeur de la Scène et Marnaise de Création Musicale entre 1994 et 1999, collectif à plusieurs têtes pensantes qui créent le Putain d’Orchestre Modulaire (POM), une grande formation d’où émergent une nouvelle génération de musiciens-prêts-à-tout, Thomas de Pourquery et Médéric Collignon en tête, futurs membres du MégaOctet.. Sa grande implication au sein de ces structures ne l’empêche pas d’accepter de devenir le pianiste et directeur artistique de Trilok Gurtu (tournées mondiales, enregistrement de plusieurs albums avec des musiciens comme David Gilmore ou Bill Evans, Chris Minh Doky, Marc Feldman), ni de jouer avec des « pointures » telles que Dave Liebman avec qui il entretient un partenariat musical et spirituel (dans le sens non religieux du terme) au long court. La plongée dans l’improvisation « totale » – expression à laquelle il recourt souvent (cf. son album E Total, tout en mi) –, sans ségrégation vis-à-vis de la dissonance ni de la consonance, l’engage aussi dans des aventures en duo, avec le fidèle Philippe Sellam (un perpétuel de l’Académie MégaOctet) ou d’autres plus ponctuelles mais toujours riches d’inouïs et d’enseignements.
Après la fin du POM, Andy Emler reforme le MégaOctet. Pour l’occasion, Andy Emler trouve ses rythmiciens idoines : Claude Tchamitchian et Eric Echampard. Avec eux, outre le MégaOctet, il se produit en trio. Les deux formations durent toujours depuis l’an 2000, phénomène si rare qu’il convient de le souligner. Chaque programme approfondit et affine un art du plaisir collectif, un équilibre toujours recommencé entre improvisation et écriture, un autre entre direction et prise d’initiative des membres de la formation. Django d’or 2006, Victoire de la musique 2008 puis 2010, Andy Emler cumule les récompenses qu’il accepte non comme un matelas confortable où il s’assoupirait mais telle une planche à clous qui exige de maintenir en éveil sa conception et la concentration de son art. Après la parution d’A Moment For…, Andy Emler a ainsi pu déclarer : « avec cet album, je ne fais que commencer » !
A son exemple, surtout ne pas le restreindre à ces formations – ni au jazz –, donc ! Andy Emler n’aime rien moins que les brassages, les mixages, les croisements, les greffes. Qu’on en juge plutôt :
– il navigue fréquemment en eaux contemporaines : enregistrement d’un concerto de Marius Constant, compositions pour les Percussions de Strasbourg ou relation longue avec l’ensemble Ars Nova.
– depuis 2009, il se produit sur les grandes orgues européens, respectueux de la tradition du pape des instruments tout en l’entraînant en des territoires que l’on ne lui soupçonnait pas, en solo comme avec d’autres musiciens : en trio, avec les saxophonistes Dave Liebman, Guillaume Orti, Laurent Dehors (clarinettes en plus des saxophones), ou le joueur de kora Ballaké Sissoko.
– fidèle à sa philosophie socio-musicale, il intervient et compose régulièrement pour les orchestres d’harmonie, amateurs ou non.
– Musicien de scène, musicien pour la scène, il a produit la musique du spectacle Ravel, en mars 2013, sur le texte de Jean Echenoz, une mise en scène d’Anne-Marie Lazzarini. A cette occasion, il reçoit le Prix du meilleur compositeur de musique de scène 2013, décerné par le syndicat de la critique.
– le compositeur ne se donne aucune frontière : orchestre symphonique, musique de chambre, chanson pop ou pas… Ces créations, il y plonge à chaque fois avec une compétence identique, une même générosité.
Avec le temps, son engagement comme citoyen du monde s’affirme. Avant A Moment for…, en 2017 il réalise Running Backwards avec son trio et Marc Ducret – un ami chevelu de sa jeunesse (Lightnin’) devenu maître-guitariste(-bonze) – qui clame sa désapprobation du monde tel qu’il va. Sa conception des relations humaines au profit d’un monde meilleur – osons les grands mots pour faire reculer les grands maux –, Andy Emler l’applique depuis des années et bientôt 10 albums au sein de son MégaOctet, ce dont témoigne le documentaire Zicocratie réalisé par Richard Blois (2013) au cours de la création du répertoire de E Total, en 2012.
Ce n’est que le début de l’aventure !
Rappel de la règle initiale et unique :
« Être libre par essence, il convient de n’enfermer Andy Emler dans aucune catégorie, case ou taxinomie musicales que ce soit ».