Une amitié musicale qui remonte aux années 1990
C’est en 1991, à Strasbourg, qu’a eu lieu la première rencontre entre Andy Emler et Jean‑Paul Bernard, percussionniste et directeur des Percussions de Strasbourg à l’époque. « Il se produisait après nous, en duo avec Pascal Contet. C’était la première fois que je le voyais, même si je connaissais déjà sa musique et le Méga‑Octet », se souvient Jean‑Paul Bernard.
Une discussion autour de leurs affinités musicales — et notamment un certain Frank Zappa — scelle une complicité durable. Quelques années plus tard, ils collaboreront à Childhood Journeys, une création commune pour le Méga Octet et les Percussions de Strasbourg, où même les fameuses boîtes à meuh avaient leur place !
Pour Jean‑Paul Bernard, Andy Emler « est un formidable pianiste, avec une idée très personnelle du jeu pianistique et du son », mais aussi « un compositeur magnifique, au sens aigu de la forme et du développement ». Ce double regard, entre écriture et invention sonore, a depuis nourri de nombreuses collaborations artistiques.
Des affinités mexicaines
Depuis plusieurs années, Jean‑Paul Bernard vit au Mexique avec la compositrice Ana Lara. Ensemble, ils ont initié le projet Afinidades insospechadas (Affinités insoupçonnées), réunissant danse, création contemporaine et jazz. À cette occasion, Andy Emler avait composé pour son trio – avec Claude Tchamitchian et Sylvain Darrifourcq – et pour un ensemble local de bandas, ces fanfares typiquement mexicaines. « La collaboration fut superbe, raconte Jean‑Paul Bernard, et l’œuvre a été créée à Salamanca avant une série de concerts à Mexico. »
C’est d’ailleurs après l’un de ces concerts que Alicia Toussaint, épouse du compositeur Eugenio Toussaint, a découvert Andy Emler. Séduite par son approche, elle a souhaité le convier à interpréter le Concerto pour piano improvisé de son mari dans le cadre des commémorations d’Eugenio Toussaint prévues en 2026.
Un geste hautement symbolique, puisqu’Eugenio Toussaint — disparu en 2011 — fut lui aussi pianiste, improvisateur et compositeur de ponts entre jazz et musique contemporaine : un profil qui entre en résonance naturelle avec celui d’Emler
Improviser, c’est écrire en jouant
« Ce concerto est une chance incroyable, confie Andy Emler. C’est une œuvre courte, une vingtaine de minutes, d’un équilibre subtil entre écriture et liberté. J’aurai la posture du soliste, mais aussi celle de l’improvisateur “jazz”. »
Ce dernier sait que le défi résidera dans la précision du dialogue avec le chef d’orchestre José Areán : « Selon la taille de l’orchestre et le lieu, il faut toujours inventer un nouvel équilibre. Et, avec seulement deux répétitions de deux heures, il ne faudra pas traîner ! »
Pour Andy, c’est aussi une nouvelle occasion de renouer avec un pays qu’il affectionne : « Le multi-culturalisme mexicain est d’une richesse rythmique incroyable, et la musique y occupe une place essentielle dans l’éducation. Au Mexique, elle circule dans les veines des gens ! »
Un souvenir qu’il garde de sa précédente tournée avec Tchamitchian et Darrifourcq : un mélange de rencontres lumineuses, de curiosité et d’énergie populaire.
Ravel, revisité depuis Mexico
Outre le concerto, Andy Emler présentera My Own Ravel, un solo pour piano nourri de son admiration pour Maurice Ravel et inspiré du roman éponyme de Jean Echenoz. « Aucune des pièces ne reprend directement la musique de Ravel, explique‑t‑il, mais toutes en évoquent l’univers, les couleurs, les rythmes et les imaginaires. »
Un concert qui s’inscrit dans le VIIIe Festival international de piano de la UNAM, et qui permettra au public mexicain de découvrir une autre facette du musicien : celle du conteur‑improvisateur, tissant mémoire et fiction.
Un trait d’union entre deux mondes
Pour Jean‑Paul Bernard, cette aventure incarne le meilleur de la circulation artistique : « Si nous pouvons contribuer à faire connaître le travail d’Andy ici, j’en suis très heureux. Prochaine étape : faire venir le Méga‑Octet en tournée ! »
Il ajoute « Au Mexique, tout paraît difficile, voire impossible… et pourtant, tout finit par devenir possible. Le maître‑mot, c’est la patience — comme en musique ! »
LES DATES
17 janvier 2026 – 18h00 : My own Ravel, Sala Carlos Chávez, Centro Cultural Universitario de la UNAM, Mexico ( MX)
18 janvier 2026 – 18h00 : Concerto pour piano Improvisé de Eugenio Toussaint dirigé par José Areán – Andy Emler Soliste
Sala Nezahualcóyotl, Centro Cultural Universitario UNAM, Mexico ( MX)
23 janvier 2026 – 19h00 : TETITLÁN Mexico ( MX)



